• " Le plaisir qu'éprouve un homme quand il sent qu'un objet est bien à lui est infiniment plus grand; car l'amour du Moi est un sentiment implanté par la nature et qui n'a pas été attribué en vain [...] Si les hommes possédaient tout en commun, personne ne ferait preuve de générosité ou ne se livrerait à une action altruiste; car la générosité consiste dans l'usage qui est fait de la prospérité." Aristote

  • Quand tu es devant ton médecin, qui t'informe de ta maladie, tu n'essaies même pas de comprendre de quoi il te parle, tu es à l'écoute et tu ne lui apportes aucune objection... Acceptant, de ce fait, que cela te dépasse ! Au fond de toi tu es au courant de ton ignorance !

     

    Cela va de même pour le médecin qui écoute un trader ou un mécanicien qui parle à un maçon sur le fonctionnement du moteur... Chacun de nous est expert dans son domaine de compétences... et qui ne peut être, par défaut, un fin connaisseur de toutes les connaissances accessibles.

     

    Mais devant l'imâm de ton quartier ou un savant musulman, tu parles... et tu parles sans cesse, voire sans rapport avec la réalité historique de la chose à laquelle tu fais juste des allusions... Et tu es, pour résumer, dans une ignorance chronique... Essayant malgré tout de concevoir cette chose (religion) qui dépasse ta petite conception du matériel... T’ose même, avant de partir, dire: "je ne peux comprendre ce genre d'ânerie, cela n'est pas du tout logique et relève de l’irrationnel..." Cependant, ceci n'est autre chose que de la pure arrogance, qui caractérise tous les ignorants vulgaires.

     

    Ali Shariati avait écrit, dans Civilisation et Modernisation, que les influences européennes sur le monde musulman, entre autres, « ont créé des gens qui ne connaissent pas leur propre culture, mais qui sont toujours prêts à la mépriser. Ils ne savent rien sur l’islam, mais disent de mauvaises choses à son sujet. Ils ne peuvent pas comprendre un poème simple, mais ils le critiquent avec des mots mal choisis. Ils ne comprennent pas leur histoire, mais sont prêts à la condamner.»

     

    Alors au lieu de balancer cela, fais des efforts et essaie de comprendre de quoi il (l'autre) te parle... Comprendre son système d'idées, chercher ses points forts et faibles... sont des choses qui vont te permettre de gagner le respect d’autrui.

     

    Si ce dernier, étant face à toi, vois que tu veux comprendre avant de porter un jugement, alors il devrait faire plus d'efforts pour t'expliquer ses idées. Car, tu lui laisses le champ libre, tu ne lui coupes pas l'herbe sous les pieds... tu es de bonne foi avec lui... Ce sont des critères qui vont biaiser le débat en ta faveur avant même que tu parles ! Mais cela est avant tout le profil d'un SAGE HOMME !

     

    Je vais en finir avec les paroles d’un grand savant musulman, Al Ghazali en l’occurrence, qui a beaucoup donné pour l’humanité.

     

    En effet, Abou Hamid Al-Ghazali (1058-1111) a écrit, dans "La Délivrance de l’Erreur", qu’une personne peut objecter et réfuter nos croyances concernant la foi et nous dire : « j’ai expérimenté par moi-même certaines propriétés des astres et des remèdes, et j’ai en partie constaté leur existence. J’ai donc cessé de les regarder avec incrédulité et méfiance. Mais, les propriétés prophétiques, même si je les crois possibles, comment saurai-je qu’elles existent si je ne les constate pas personnellement? »

     

    Et lis maintenant sa réponse à cette question: « L’expérience personnelle ne suffit pas, puisque tu fais crédit aux témoignages d’autrui. Tu dois donc te fier aux paroles des prophètes: ils parlent par expérience. Tu n’as qu’à suivre leur Voie, et tu pourras participer à leur Vision des choses. »

     

     

    Il ajoute, pour signaler l’importance du lien entre l’enseignant (Prophète ici) et son élève : « Et même si tu ne faisais pas cette tentative, ta raison juge que, dans ce domaine, il te faut croire et suivre aveuglément.»

     

     

    Avant de nous conseiller pour être certain de l’authenticité du Prophète : « Essaie donc, médite le Coran, lis les hadiths et tu verras tout cela de tes propres yeux. »

     

     

    Nabil de S'BIHA

    le 02/08/2015

     

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  • « Dans la rhétorique libérale, les valeurs morales ne sont plus enseignées ou transmises par l'exemple et l'argumentation, mais seraient toujours « imposées » à des victimes consentantes. Toute tentative destinée à rallier quelqu'un à son propre point de vue, ou même à lui exposer un point de vue différent du sien, est vécue comme une atteinte à sa liberté de choix. Ces attitudes interdisent bien évidemment tout débat public sur les valeurs. » Christopher LASCH

     

    J'ai compris, d'après une publication de photos sur Facebook, que les algériennes avaient l'habitude de s'habiller à l'européenne, comme on dit ! La personne qui a publié ces photos a ajouté, d'une manière explicite, que c'était surtout le cas avant l'arrivée des barbus ! Donc avant 1988/89 ! Je ne savais pas, mon âge étant sûrement la cause, que l’Algérie était si « civilisée » avant l'arrivée du FIS et Cie !

     

    Vous vous en doutez bien, j'imagine ! Pour vous dire à quel point c’est désolant, je précise que la personne qui a publié ces photos n’est autre qu’un enseignant à l’université ! D’où cet article, mon humble réaction pour essayer de mettre au clair certaines idées que véhiculent ces genre de personnes.

     

    À vrai dire, ces spéculations relèvent d'une fumisterie à grande échelle ! Il y a, certes, une partie de la population, notamment dans les grandes villes et en particulier Alger, et colonisation aidant, qui s'est « occidentalisée », mais c'est loin d'être le cas pour toute la plèbe, qui avait bien évidemment d'autres chats à fouetter... il y avait beaucoup de chats à cette époque d’ailleurs !

     

    De plus, vous n'avez qu'à regarder la part des femmes qui portaient le « haïk » à cette période pour comprendre que c'est loin d'être si simple. Je me rappelle encore de ma mère qui ne sortait pas sans le porter et de même pour mes grand-mères. Et cela ne remonte pas aux années trente !

     

    Je vais vous épargner une dissertation sur les habits que portent les algériennes, dont la tendance est de les qualifier de traditionnels, voire de moches. L'exemple de la robe kabyle est illustrant. La femme qui la porte manifeste, d’une part, un attachement culturel à ses origines et, d’autre part, une pudeur… exemplaire.

     

    Ces derniers concepts, identité et éthique, sont sacrés chez certains peuples, comme nous, algériens, qui ne veulent pas être assimilés tous azimuts aux occidentaux. Je précise, il va de soi, théoriquement du moins, que ces valeurs sont aussi valables pour les hommes et non pas juste pour les femmes dans une optique misogyne.

     

    Mais, « vous êtes peut-être des sauvages loin de la civilisation », me dira un occidental arrogant. Je lui rappelle que c'était juste notre façon de concevoir la pudeur chez une femme. Notre système d'idées était ainsi conçu et nous n'avons pas demandé aux autres de faire comme nous.

     

    Chacun devrait avoir son libre choix en la matière ! Dans ses choix, ses valeurs ne peuvent en aucun cas prétendre à l'universalité ou à la justesse en tout lieu et tout moment. Chacun, dans un rapport paisible avec autrui, devrait respecter les façons de faire des autres.

     

    Cela dit, pour ma part, je ne peux pas mépriser une femme parce que sa façon de s'habiller n'est pas à la mode européenne, ou parce qu'elle s’est inspirée de son rapport à Dieu et de sa foi. Et si elle porte un « hijab », je dois respecter ce choix !

     

    « Au mieux, c'est rétrograde et vous soumettez la femme avec ce fichu sur la tête », me dira un humaniste d'avant-garde pour défendre son idée du progrès et de la modernité ! Un libéral userait une autre phraséologie voulant dire, plus ou moins, la même chose, mais dans le cadre de la défense d'une consommatrice et d'un marché global, qu'il ne faut pas entraver avec des attachements culturels et identitaires, qui entravent la libre entreprise ainsi que toute tentative d'émancipation.

     

    Je vais leur dire que dans notre façon de concevoir le monde et les rapports sociaux qui régissent notre société, il n'y pas de place à ce genre d'âneries gaucho-trotskistes et chacun connaît, devrait l’être, ses devoirs avant de réclamer ses droits... La perversion que connaissent les sociétés est liée, plus ou moins, à des intentions exogènes qui ne sont pas toujours de bonne foi, loin de ça ! Et dans son excellent essai, « Culturel de masse ou culture populaire ? », C. LASCH a écrit: « Une culture véritablement moderne ne s’est jamais résumée à une simple répudiation des schémas « traditionnels » ; au contraire, c’est de leur persistance qu’elle a tiré une grande partie de sa force ».

     

    Ces « nouvelles sagesses », qui font de toute femme avec « hijab » une soumise sans cervelle, sont la besogne de certains humanistes hypocrites, qui ne défendaient la femme que pour la jeter aux mâchoires du capitalisme exploiteur. Ils vont la faire sortir de son foyer pour la lâcher dans une usine, ou dans un centre commercial si vous voulez, où elle devrait se comporter comme un homme ! Pour son bien, peut-être ? Mais pas du tout ! C’est pour l'unique profit du capitaliste esclavagiste, qui n'hésiterait pas une seconde à la virer si, par malheur, elle désire avoir la vie d'une mère heureuse.

     

    Ceci étant dit, je tiens à dire que connais, comme vous tous, des femmes avec des « hijab» et qui sont des enseignantes à l’université ! Par ailleurs, vous avez croisé, à un moment ou un autre, une femme qui porte un « hijab » tout en étant votre médecin traitant ! Cependant, ce genre de « cliché », dont je parlais au début de l’article, est tout simplement réducteur et méprisant ! Comme si on pouvait mesurer l'intellect d'une femme à sa tenue vestimentaire ! Pathétique est ce raccourcis, mais qui attire de plus en plus de gens « naïfs » avec de bonne foi, qui ne font pas la différence entre civilisation et modernité !

     

    Il faut savoir que même les athées, ou les non-croyants si vous voulez, ont plus de respect pour une fille avec un « hijab » et qui arrive à prouver ses compétences avec sa cervelle et méprisent, comme j'en étais témoin, ce genre de fille qui essaie de vous impressionner avec sa poitrine dénudée pour cacher sa médiocrité chronique !

     

    A ce propos, je vais vous raconter une anecdote qui m'est arrivée avec une amie algérienne. Bref, un jour, on marchait dans un quartier d'affaires à Paris et on a croisé des gens qui sortaient habillés, plus ou moins, en classique. Cependant, la seule réflexion qui avait eu cette amie, qui me parlait de bon cœur, est de me dire qu'elle rêvait et rêve toujours de sortir de son bureau comme toutes ces femmes, vêtues pour la majorité avec de jupes courtes ! Je crois que ceci ne risque pas de vous étonner, car c’est la « standardisation » des normes qui est la cause. Mais, j'ai oublié de vous dire que mon amie s'est déjà « occidentalisée » à sa manière d'imiter, fumer en est une.

     

    Cependant, cette remise en cause de la volonté d'« occidentalisation » de la société algérienne n'est pas une préparation du terrain pour une quelconque « orientalisation » de ladite société. Ça serait malhonnête. Leur culture n'est pas la nôtre non plus. A chacun ses coutumes et traditions. Remarquez bien que je ne fais, en aucun cas, le lien avec les valeurs que prône l'islam comme religion. Celles-là sont universelles par essence. Cela va de soi pour les autres religions. L'Islam comme civilisation (allusions faites aux pratiques qui ne relèvent pas de la foi) est un autre sujet que je ne peux aborder ici.

     

    Cela dit, je me pose la question suivante: Y-a-t-il encore un Orient authentique !? La réponse est non, bien évidemment. Aucun coin de cette partie du monde n'est épargné de cette « standardisation » des esprits, pour ne pas dire occidentalisation de ses mœurs. Et rien ne peut demeurer inaccessible aux gadgets du capitaliste occidental, du moins dans le cadre de son processus de fabrication. A tire d’exemple, Ali Shariati raconte comment on a vendu deux voitures Renault modernes, avec une bordure dorée, pour un chef de tribu nomade, qui se trouve dans une zone boisée et montagneuse au bord de la rivière  Tchad, en Afrique. Où rien ne laisse penser qu'elles puissent rouler un jour (Cf. «Civilisation et Modernisation»).

     

    Au final et pour résumer la situation, je fais appel au le sociologue iranien, qui avait écrit, dans « Civilisation et Modernisation », que les influences européennes sur le monde non-Européen « ont créé des gens qui ne connaissent pas leur propre culture, mais qui sont toujours prêts à la mépriser. Ils ne savent rien sur l’islam, mais disent de mauvaises choses à son sujet. Ils ne peuvent pas comprendre un poème simple, mais ils le critiquent avec des mots mal choisis. Ils ne comprennent pas leur histoire, mais sont prêts à la condamner ». 

     

     

    Nabil de S'BIHA

    Le 04/09/2015

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  • « Le discours journalistique algérien  demeure porteur de toute une série de procédés destinés à banaliser les échecs et à transmettre les images du pouvoir susceptibles de séduire le lecteur. » Lise GARON* 

     

     

    « Il y a deux histoires: l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète, où sont les véritables causes des événements. » Honoré de Balzac

     

    Je précise, de prime abord, que je suis attristé par la dernière attaque terroriste en Algérie. D’où, d’ailleurs, cette humble contribution. Et je profite de cette occasion pour passer mes condoléances et mon profond respect aux familles des victimes. 

     

    Cet acte ignoble de ces takfiristes, qui se sont auto-proclamés « soldats de Dieu » et« défenseurs de l’islam », ne peut être que condamné avec rigueur et sans hésitation, aucune. Il faut savoir que leur lecture de l’islam est partielle et partiale, s’inspirant notamment des textes de certains exégètes qui ne font pas du tout  l’unanimité au sein des savants musulmans. Je ne peux développer davantage ceci dans le cadre de cet article.

     

    Cela dit, sommes-nous dans l’obligation, quelconque, de soutenir l’armée algérienne sans la remettre en question ? Voilà la question que je me suis posée au regard de ces derniers évènements qui secouent l’Algérie.

     

    Mais, en effet, d’autres questions s’imposent: le bilan de cette offensive que mène l’armée est-il réel ou juste une « information officielle » pour remonter le moral des troupes ? Ces informations peuvent-elles être vraiment vérifiées par les médias avant d’être diffusées au grand public? Ces derniers sont-ils juste des relais de propagande au service du pouvoir et son armée ?

     

    Je pense que c’est un  moment propice pour établir un vrai état des lieux et dresser un bilan sur la situation du pays. Et voir, au passage, où sommes-nous réellement avec la « fameuse » réconciliation nationale, vendue par le système et ses larbins comme étant bien réussie.

     

    Pour ce qui est du soutien à l’Armée Nationale Populaire (ANP) dans sa lutte contre ceterrorisme-takfiriste, il faut savoir que c’est le devoir de chaque citoyen. Cependant, il ne faut surtout pas rester là. La question est plus compliquée pour la réduire à un simple slogan (Je suis soldat algérien), qui ne veut rien dire au final, ou une image qui circule sur les réseaux sociaux.

     

    D’ailleurs une simple lecture de la « mémoire traquée » d’Abdeikader Tigha (Cf. « Contre-espionnage algérien ») suffit pour voir la question du terrorisme algérien sous d’autres angles qu’occultent les mass médias. D’un côté, nous apprend cet ancien agent du Département  du Renseignement et de la Sécurité (DRS), il y a la lutte contre le terrorisme, et  de l’autre, sombre et loin des caméras, il y a surtout la manipulation et le financement des groupes armés.  Le pouvoir tente de se justicier dans le cadre de la « raison d’Etat ». Mais cela reste très difficile, car même cette dernière devrait avoir ses limites dans un Etat de droit.

     

    Il faut bien analyser les événements : si on parle de ces neufs soldats assassinés, alors on sait qu’ils sont des hommes enracinés dans la plèbe, sans doute, et méritent notre respect. Mais, est-ce que cela va de soi pour  leur supérieur, ceux qui les commandent depuis les grandes villas d’Alger ? La réponse est claire… Ils utilisent le peuple comme une chair à canon. Ils l’ont toujours fait, faut-il le rappeler !

     

    Alors ceux qui jouent en ce moment sur la fibre nationaliste et patriotique pour nous vendre les mérites de l’armée algérienne doivent, impérativement, regarder le sommet de la pyramide et se demander s’ils, les généraux algériens, font ça dans l’intérêt de l’Algérie ou, entre autres, de leurs comptes bancaires ? La réponse, encore une fois, est claire…

     

    Par ailleurs, depuis cette dernière attaque terroriste, les médias algériens essaient de nous conditionner dans un état de guerre, contre le terrorisme nous disent-ils. Et nous empêcher de réfléchir loin des raccourcis et des questions passionnelles, qui entravent par défaut toute pensée critique.

     

    A en croire les médias, chose difficile si vous êtes initiés dans leur propagande, l’ANP a vengé « ses soldats » en tuant une vingtaine de terroristes, depuis l’attaque d’Ain Defla. Ajoutant que l’armée a aussi récupéré les armes de ces terroristes et des militaires tués. Les médias relatent, dans des boucles à la pavlovienne, cette information sans pour autant montrer les cadavres de ces terroristes. Il faut les croire sur « parole » et prendre leur dire pour argent comptant!

     

    Choses étranges dans cette histoire de communication : on a vu à travers les différents médias les cercueils des soldats tués.  Cependant, on n’a rien pu voir concernant les corps de ces terroristes, sauf les rares photos où on voit une personne, complètement déchirée par balles, par ci et deux autres par là. Alors que, faut-il le rappeler, la communication du Ministère de la Défense Nationale (MDN) est axée notamment sur ce genre de photos qui montrent des terroristes abattus.

     

    Dans ce genre de situation, le MDN, dans sa stratégie de communication-propagande, qui est, plus ou moins sujette à des préoccupations,  a toujours usé de la confusion pour ne jamais diffuser la vraie information. Rappelons, au passage, l’attaque terroriste de Tiguentourine, où le bilan « officiel » des victimes changeait chaque minute le long de la prise d’otage ! Cette fois-ci, le MDN a attendu 48 heures pour émettre un communiqué officiel sur cette attaque meurtrière. Entre temps, le silence radio et la confusion étaient pénibles, surtout pour les familles  des militaires en service dans cette région du pays.

     

    L’ANP, dans sa composante majoritaire et loin de sa haute hiérarchie, ressemble aux pieds du corps humain. Ils ne peuvent désobéir au cerveau qui les commande, sauf en cas de paralysie. L’ANP, comme institution, va toujours soutenir la tête, même au détriment de sa survie, tels les pieds d’un suicidaire bien déterminé. Donc, pour l’instant, il ne faut pas attendre un changement de la part de cette institution.

     

    Dans la même optique, je pense que l’intervention de l’armée, pour un éventuel changement, que demande l’ancien Premier Ministre Mouloud Hamrouche, est une chimère qu’il faut oublier à jamais. Cependant, précision s'impose quand on parle de ce dernier. En effet, M. Hamrouche est aussi un militaire et il a été chef de protocole de Boumedienne. En fait, ses appels en faveur de l’ANP sont juste la conséquence logique d'un conditionnement, qui a façonné sa vision du politique.

     

    Par ailleurs, l’ANP est bien disciplinée. Certes, la discipline militaire est une vertu dans un pays démocratique, où la Loi est au-dessus des gouvernés et des gouvernants. Mais pas dans un pays comme le nôtre, où les militaires ont toujours marché selon leur propre loi, en étant aux commandes de la nation, avec un bilan négatif,  s’il en faut juger.

     

    Cela dit, je tiens à signaler que la presse algérienne, qui ne peut survivre que grâce à la manne publicitaire, est juste un pion sur l’échiquier.  Les rédacteurs en chef et les directeurs de chaînes de télévision privées savent bien qu’il ne faut jamais dépasser les limites que leur fixe le système. Dans des moments cruciaux comme ceux que vit actuellement l’Algérie, les médias, publics et privés, sont juste le fer de lance du système, un organe de propagande à vrai dire.

     

    Au regard de ce que j’ai avancé, le tout me laisse perplexe sur la nature de ces informations que proposent les médias en ce moment. Je pense, pour ma part, qu’il s’agit avant tout d’une offensive médiatique pour s’approprier cet « espace-vide » qui caractérise les mass médias algériens. L’ANP veut l’instrumentaliser pour gagner la sympathie du peuple et faire « booster » le moral de ses troupes. 

     

    De même, les médias n’ont aucun moyen de vérifier les communiqués du MDN. Leurs sources d’informations sont contrôlées. Il y a une grande opacité qui règne sur les affaires relevant de la sécurité nationale. En effet, ces informations ne peuvent être diffusées sans l’accord du MDN et du DRS

     

    Chemin faisant, cette compagne médiatique en faveur de l’ANP essaie de détourner l’opinion publique sur une des questions essentielles que devrait poser chaque algérien : La réconciliation nationale, a-t-elle vraiment réussi ? La réponse est : non.  Bien au contraire !

     

    Pour en finir et répondre à ces faux indignés de la presse nationale, je vous propose le discours de John Swinton, qui fut un temps rédacteur en chef du fameux journal « New York Times », lors de son discours d’adieu :

     

    « Quelle folie que de porter un toast à la presse indépendante! Chacun, ici présent ce soir, sait que la presse indépendante n'existe pas. Vous le savez et je le sais. Il n'y en a pas un parmi vous qui oserait publier ses vraies opinions, et s'il le faisait, vous savez d'avance qu'elles ne seraient jamais imprimées, je suis payé 250 $ par semaine pour garder mes vraies opinions en dehors du journal pour lequel je travaille. D'autres parmi vous sont payés le même montant pour un travail similaire. Si j'autorisais la publication d'une bonne opinion dans un simple numéro de mon journal, je perdrais mon emploi en moins de 24 heures, à la façon d'Othello. Cet homme suffisamment fou pour publier la bonne opinion serait bientôt à la rue en train de rechercher un nouvel emploi. La fonction d'un journaliste (de New-York) est de détruire la Vérité, de mentir radicalement, de pervertir, d'avilir, de ramper aux pieds de Mammon et de se vendre lui-même, de vendre son pays et sa race pour son pain quotidien ou ce qui revient au même: son salaire. Vous savez cela et je le sais; quelle folie donc que de porter un toast à la presse indépendante. Nous sommes les outils et les vassaux d'hommes riches qui commandent derrière la scène. Nous sommes leurs marionnettes; ils tirent sur les ficelles et nous dansons. Notre temps, nos talents, nos possibilités et nos vies sont la propriété de ces hommes. Nous sommes des prostitués intellectuels. » (Cf. « Vers le Nouvel Ordre du Monde », D. Manifold, pp. 15 et 16)

     

     

    Nabil de S’BIHA

    Le 22/07/2015

     

    (*) La citation de Lise GARON est tirée du livre « L’Algérie et son destin : Croyants ou Citoyens » de M. Harbi, pp. 221 et 222.

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  •  "La différence entre l'homme politique et l'homme d'Etat est la suivante: le premier pense à la prochaine élection et le second à la prochaine génération." James Freeman Clarke

     

     Pauvre peuple ! Il marche dans la rue manifestant sa désapprobation afin de destituer le président d'un club de football, Hannachi en l'occurrence ! Alors qu'il reste "quasi-muet" devant un Chef d'Etat, qui a humilié toute la nation et fait courir le pays vers un désastre sans issue.

     

    Faut-il rappeler, encore, à ces hordes passionnées, telles des bataillons dans une guerre, que Bouteflika a participé même à la mort de nos jeunes lors du dernier printemps Berbère. D'ailleurs nous avons fêté cette semaine le 14ème anniversaire de la grande manifestation du 14 juin 2001 à Alger.

     

    Cela dit, Hannachi est une tumeur certes, mais cela reste strictement dans le cadre d'un football-business-spectacle, qui ne fait que divertir le peuple (l'opium de nos jours) et le "zombifier", pour ne plus distinguer le frivole du sérieux.

     

    Même si sa gestion des affaires du club est chaotique, à en croire ses détracteurs, néanmoins Hannachi ne peut faire, et au mieux, qu'enfoncer la sensibilité d'un "supporteur-fan", suite aux échecs dudit club. Mais au-delà de cette question passionnelle, il y a la réalité du monde. Très difficile dans un pays comme le nôtre. Hannachi ne peut donner du travail à toute la jeunesse algérienne, ni lui donner des logements, ni, pour résumer, une vie descente. Mais cela relève des prérogatives d'un Chef d'Etat. Il faut savoir que c'est ce dernier, non pas Hannachi, qui peut être la cause d'un vrai changement et du développement économique de l'Algérie.

     

    Pour ceux qui voient en la JSK un club qui représente un combat identitaire, alors je leur dis que cette époque où la JSK jouait en nom des kabyles est révolue. D'ailleurs, même le FC Barcelone, avec sa portée planétaire, n'a pas vraiment aidé les catalans dans leurs visées politiques et autonomistes. Car le sport reste du spectacle et personne ne le prend au sérieux une fois le rideau est tombé.

     

    Il faut rappeler, au passage, que nous sommes, nous les kabyles, juste une  composante du peuple berbère. Dire que les Kabyles sont l'avant-garde du combat identitaire berbère est une fumisterie, qui, au mieux, ridiculise ses tenants.

     

    Par ailleurs, vous avez remarqué, sans doute, que cette année le championnat algérien de football était très serré et le titre était joué par les 16 clubs que compte ledit championnat. Cependant, en faisant un parallèle avec ce qui se passe en politique, on peut constater un contraste énorme. Dans les formations politiques, on n’observe aucune réelle compétition au sein des partis. "Le chef est toujours le chef" et la bataille se gagne toujours dans des coulisses plus ou moins dégradantes. Pas le moindre suspens comme c'était le cas au football algérien cette année.

     

    Je tiens à préciser, quand-même, que le championnat algérien de football est loin d'être une fierté nationale, au contraire. Les clubs changent les entraîneurs à un rythme inédit dans les annales. Trois à cinq par an. Ceci ressemble plutôt à la politique du gouvernement algérien, où le Chef d'Etat change ses ministres comme il change ses chaises roulantes, mais pour ne rien apporter comme bien au final.

     

    Bref, il serait plus commode de recommander à nos politiques de regarder ce qui se passe dans le domaine sportif et voir s’ils ne peuvent pas imiter, du moins, son côté incertain lors de leurs cours aux commandes des partis politiques.

     

    Je ne parle pas du Chef d'Etat, car son cas, pas physiquement parlant, est très clair, sauf pour celui qui ne veut pas voir. Il faut aller directement et dire clair et net que gouverner un pays en restant sur une chaise roulante et parler avec un amplificateur de son, pour que sa parole soit à peine audible, relève d'une humiliation de tout un peuple.

     

    Que ces gens, qui manifestent à Tizi ou ailleurs pour des raisons ridicules, par rapport aux enjeux actuels, comprennent une chose: regarder uniquement le bout de son nez n'a jamais fait avancer les causes d'un peuple qui aspire à se libérer du joug.

    Pour simplifier les choses; il y a un ordre des priorités que le simple citoyen doit, oui je précise que c'est un devoir avant tout, concevoir dans son approche d'appartenance à un groupe, même si hétérogène, qu'on peut appeler nation.

     

    Pour en finir, il faut que ces gens comprennent qu'ils ne peuvent être des citoyens actifs à travers le sport et ses querelles, Hannachi en est juste un exemple parmi tant d'autres. Mais cela passe par, entre autres, des canaux politiques et associatifs.

     

    Cependant, si le football pousse les gens à agir et demander des changements, alors "footbalisons" la politique algérienne et réglons ainsi, une fois pour toute, nos problèmes avec nos politiques, Bouteflika à leur tête.

     

     

     

    Nabil de S'Biha

    Universitaire algérien 

    Le 22/06/2015

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  • « Et sans doute notre temps... préfère l’image à la chose, la copie à l’original, la représentation à la réalité, l’apparence à l’être... Ce qui est sacré pour lui, ce n’est que l’illusion, mais ce qui est profane, c’est la vérité. Mieux, le sacré grandit à ses yeux à mesure que décroît la vérité et que l’illusion croît, si bien que le comble de l’illusion est aussi pour lui le comble du sacré. » Feuerbach

     

    La pratique de l'islam en nos jours connait un certain "remixage" du sacré et du profane. Chose qui ne fait qu’aggraver l'ignorance des idées élémentaires de l'Islam. Je pense qu'il y a matière à écrire un livre pour bien cerner ces "contradictions des musulmans dans le monde moderne". Mais là je ne fais que partager avec vous ce que peut ressentir la majorité d'entre vous ! Le renversement des valeurs est à son apogée, "faites rappeler car le rappel est bénéfique".

     

    A cet effet, je me tâcherai de parler des contradictions apparentes et faciles à saisir chez certain(e)s musulman(e)s. Je ne vais pas remonter, vous vous en doutez bien, jusqu'à la bataille de Siffin* pour voir "la cause des causes" de cette décadence.

     

    Pour cet exercice je vais prendre l’exemple de certains musulmans, occidentaux en générale et français en particulier, terrain de mon analyse ici. On remarque aisément qu’ils mettent des "djellabas", "qamis", et laissent pousser la barbe, qu’ils préfèrent, pour leur majorité, de garder "sauvage". Cependant,  vous avez remarqué, sans doute, qu'ils portent souvent des chaussures de sport, notamment celles des grandes marques: Nike & Cie. Rien que de les voir, de les écouter puis d’observer leurs faits nous permettent de saisir certaines contradictions désolantes.

     

    Ces musulmans, soi-disant salafistes (pas dans le sens des mass-médias occidentaux), sont du genre à récuser entièrement la modernité et à pointer du doigt l'Occident comme étant l'incarnation du mal absolu, à tort ou à raison, cela importe peu ici. Mais ils n'hésitent pas à courir dans les grands centres commerciaux pour en trouver une paire de chaussure... Quand je les croise dans ces centres en train de faire les "soldes", disent-ils (acceptant tout à fait la société de masse), je me rends compte à quel point ils sont naïfs et facilement manipulables, pour rester amical.

     

    Quand ils achètent les gadgets du capitalisme, ils oublient ou ne veulent pas savoir, leurs vraies origines, ni la souffrance que cause leur production, ni l'injustice inhérente à son mode de fabrication. Ils nient tout simplement le fait que les musulmans opprimés sont, entre autres, des victimes collatérales dans cette extension et la recherche du profit dans la logique du capitalisme, qui est le fondement même des sociétés hédonistes occidentales.

     

    Ils passent leur temps à parler du Prophète (PBSL), mais sans jamais pousser la logique jusqu'au bout pour comprendre le vrai message derrière les comportements du Prophète (PBSL) et ne peuvent saisir, par voie de conséquence, l'essence de l'islam. Ce dernier est réduit, à leurs yeux, à une question vestimentaire, qui reflète en grande partie cette esthétique qui leur fait défaut et dont parle, magistralement, Malek Bennabi.

    Je ne vais même pas parler de leur façon de concevoir l'argent qu'ils reçoivent comme aides sociales; le RSA entre autres. Car là on touche le ridicule à son état brut.

     

    Parlons maintenant des femmes. Je pense que c'est déjà "convenable" de porter un "hidjab" décent, dont la norme est bien décrite dans le Coran et la sunna. Mais là je vois des pratiques qui me révoltent. En effet, comme vous tous, je croise à maintes reprises des femmes avec des "niqabs". On ne doit pas nier que ces femmes représentent une minorité et qu’elles portent le "niqab", d’une manière générale, suite aux demandes de leurs maris.

     

    N'oublions pas, par ailleurs, que cette pratique vestimentaire est due surtout aux travaux de certains savants musulmans, qui ne font pas d’ailleurs l’unanimité au sein de la communauté musulmane, diverse et complexe. Car rien ne rapport que les femmes du Prophète (PBSL) avaient porté ce genre de vêtements ! Mais cette pratique est plutôt incohérente avec l’islam. Parce que ces femmes en question ramassent souvent toute la "merde" qu’elles peuvent croiser en marchant. Parce qu'elles frôlent le sol avec le tissu qu'elles portent, qui dépasse largement la taille. De ce fait, on peut voir à l’œil nu qu'il est sale.

     

    Question s'impose : à quoi sert d'essayer de pratiquer sa religion à travers les vêtements alors qu'on oubli l'un de ses fondements : la propreté ?

     

    Il y a, à mon humble avis, un grand problème de compréhension de l'islam. Le réduire, comme font certains éléments, est une façon de trahir son message. A titre d’exemple, j’ai croisé hier, dans un bus, une jeune française musulmane, d’origine maghrébine, qui portait un hidjab et un piercing sur le nez. Une telle contradiction ne peut être ignorée sauf si on ne connait pas les fondamentaux. En tout cas, cela m’a profondément interpellé et je me dis qu’il y a une incompréhension, plus ou moins, totale de l’islam chez ces jeunes musulman(e)s. Il y a de ce fait un énorme travail à accomplir afin d’aider ces musulman(e)s et de les orienter sur la pratique qui correspond de mieux à l’islam «authentique».

     

    L’"infiltration" dont souffre l'islam est une réalité, comme c’est le cas pour d’autres religions (Christianisme notamment), mais nous ne pouvons pas nier le fait que nous avons une responsabilité, à divers niveaux bien sûr, mais qu'il faut néanmoins assumer !

     

    Pour en finir. Dieu, exalté soit-Il, a dit : « Dieu ne change pas l'état d'un peuple jusqu'à ce qu'ils changent ce qui est en eux-mêmes.»

     

    *La bataille de Siffin se produisit en juin/juillet 657 (moharram 37 AH). Le plus fort de la bataille se produisit du 19 ou 20 juillet (1 et 2 Çafar 37 AH) sur les rives de l'Euphrate près de la ville syrienne actuelle de Ar-Raqqa. Ce fut le dernier combat entre Mu`awîya et `Alî. (Source: Wikipédia)

     

    Nabil de S'BIHA

    Universitaire Algérien 

    Le 05/02/2015

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