• Une Guerre pour le Pouvoir : le DRS vs El-Mouradia

      Une Guerre pour le Pouvoir : le DRS vs El-Mouradia

    Un secret de Polichinelle. Voilà comment voient les algériens la corruption au sein des appareils d’Etat.  Les scandales n’arrêtent pas de faire les « une » de la presse nationale et internationale. Cette fois-ci on assiste à la deuxième saison de la série « Khelil chez Sonatrach ».

    En fait, Mr Chakib Khelil a essayé, lors de son passage au ministère des Energies et des Mines, de privatiser la seule entreprise publique qui fonctionne encore en Algérie, à savoir la Sonatrach. Cette dernière emploie plus de 120 000 personnes en 2010 et affichait un chiffre d'affaires de 56.1 milliards US$.  

    Par ce chiffre d'affaires, Sonatrach est de loin la première compagnie africaine, toutes activités confondues ; le 12e groupe pétrolier au niveau mondial ; le premier en Afrique et dans le Bassin méditerranéen, le 4e exportateur de GNL ; le 3e exportateur de GPL  et le 5e exportateur de gaz naturel [1]. La Sonatrach a été créée en décembre 1963. Il faut préciser, chemin faisant, que c’est une pure création algérienne et elle s'est dotée d'une "réputation" mondiale, notamment après la nationalisation des hydrocarbures le 24 février 1971 par le président H. Boumediene où de « simples » ingénieurs ont réussi à élaborer des nouvelles méthodes d'exploitation (Cf.  Hocine Malti, " L'histoire secrète du pétrole algérien"). 

    Cela dit, la corruption qui s’est installée dans la société Algérienne, notamment après l’arrivée de l’actuel chef d'Etat, A. Bouteflika, est une chose, mais la corruption dans les rouages de la Sonatrach en est toute une autre. En effet,  la réputation de la Sonatrach, qui est une clé essentielle pour conquérir de nouveaux marchés à l'international, est remise sérieusement en cause depuis ces scandales. Cette entreprise, faut-il le rappeler, produit en 2011, pour elle seule, 45% du PIB algérien. Cela veut dire simplement que la mise à mort de cette entreprise implique logiquement la condamnation à mort de tous les Algériens car sans cette manne générée par les exportations des hydrocarbures l’Algérie ne pourra même pas assurer le strict-minimum nécessaires pour le fonctionnement de l’Etat providence : la sécurité, la justice, la santé, l'éducation...etc.  

    En outre, ce n’est pas la peine de parler ici du « syndrome Hollandais », car nous sommes dans une phase très avancée d'une maladie qui ne dit pas son nom, à savoir la dépendance économique quasi-complète vis-à-vis des hydrocarbures. 

    Cette corruption qui se développe sur tous les plans et gangrène la société algérienne n’a pas lieu d’être, si les hautes instances de l’Etat ne le voulaient pas vraiment. Pour l’extirper, il fallait juste garder un contrôle sain et permanent sur l’économie et les politiques publiques.

    Mais, j’aimerai dire que les jeux sont d’ores et déjà faits ! Comme disaient certains analystes : « la corruption est devenue le sang dans les veines du corps de l'Etat Algérien et qui circule si facilement ».  C’est grâce à ce mode de fonctionnement, « corrompre, corrompre puis corrompre », que les généraux algériens arrivent à assurer  leur pouvoir et leur statut de protégés à l’égard des Occidentaux, qui ne vont pas d’ailleurs rater la moindre occasion pour en sauter sur les richesses Algériennes !

    En effet,  les généraux algériens utilisent la manne pétrolière pour financer des hommes et des partis politiques en Occident comme une sorte de protection contre d’éventuel retournement de la situation, à l’exemple de Saddam Hocine et d’autres présidents d'Amérique Latine (Torrijos, Chavez...) et Africains (Sankara, Kadhafi...), etc.

    Avec ces financements occultes, les généraux algériens sont sûrs que l’Occident, étant gagnant, ne va pas, pour le moment du moins, chercher à les « embêter » avec les droits de l’homme et la démocratie. Mais le seul grand perdant dans cette tragédie est le peuple Algérien.

    Par ailleurs, je ne peux oser faire de la morale au peuple algérien pour sa passivité. Car cette situation n’est pas due au hasard, mais c’est une conséquence plus ou moins directe de la politique de terreur, d’une part, et de l’ignorance, d’autre part, qu’utilise le système contre les citoyens depuis l’indépendance.  

    Il y a, sans aucun ombre de doute, beaucoup de leçons à tirer de ces affaires de Sonatrach. Cependant, on ne pourra jamais connaitre toutes les vérités, parce que  « toute vérité n’est pas bonne lorsqu'elle est dite au chaud » (expression de Boutef lorsqu'un journaliste d’une chaîne française le questionna sur l’assassinat des moines de Tibhirine à Média).

    Autre chose importante, qu’il faut bien noter dans cette série de scandales de Sonatrach, est que les révélations du premier scandale en 2010, étaient liées à une bataille pour le Pouvoir entre deux clans. 

    En fait, il s’agit du DRS et d’El-Moradia. Le DRS (Département des Renseignements et de la Secrété) à sa tête le général  Mohamed Lamine Mediène, alias Toufik, est  entré en conflit avec le clan de la Présidence (El-Moradia), à sa tête le président et son frère Saïd. La dispute pour le pouvoir entre ces deux clans a poussé le DRS à révéler des dossiers « sales » sur la Sonatrach.

    Avant cet énième scandale, ces dossiers secrets étaient bien protégés des yeux curieux par le DRS afin de faire, si nécessaire, le chantage à toute personne impliquée de près ou de loin. Au fil du temps, les choses passent comme prévu par le DRS où la justice, dans ses premières enquêtes, a réussi à voir un peu clair sur ces dossiers de corruption à grande échelle. Cependant, toutes les accusations mènent directement à Mr Khelil, qui se désolidarisait sur le champ de son bras droit, le PDG de Sonatrach, en déclarant qu’il n’était en aucun cas le responsable de la Sonatrach. De qui se moque-t-il ce cow-boy au service des Etats-Unis d’Amérique? 

    Par ailleurs, Mr Khelil, qui est d’ailleurs l’ami d’enfance du président Boutef, n’a pas pu agir  seul et son réseau était bien tissé afin de faciliter les transactions et le blanchiment d’argent des pots-de-vin. Cette affaire n’était pas une chose assez simple pour qu’elle échappe si facilement au renseignement du cercle de la présidence.

    En effet, d’après H. Malti, tout cela est aussi lié directement au Président et à son frère Saïd Bouteflika. Ce dernier est désigné, par le cercle fermé d'El-Mouradia, comme le « successeur », après la fin du règne de Bouteflika. On ne sait pas encore quand  cela risque d’arriver ! Le Président a encore soif du pouvoir, comme on a pu le constaté !

    Bref, pour bien résumer : la mise en avant d’un successeur au président en dehors du clan du DRS était le « péché originel » qu’il ne fallait pas commettre. Le général Toufik est avant tout un homme qui aime le Pouvoir plus que toute autre personne d’ailleurs. Donc, l’empêcher d’exercer son pouvoir était une erreur fatale et stratégique commise par le clan du Président.

    A son tour, le patron du DRS, pour bien perdurer sa mainmise sur le peuple Algérien, il était obligé de jouer sa carte gagnante, son Joker. La première des choses qui fut utilisée par les hommes du DRS était d’ouvrir le coffre-fort qui contient les dossiers de corruption au sein de la Présidence.  Le démon fut libéré et ses « malédictions »  prenaient effets. Le premier maudit est la population.

    Cette petite explication développée au haut me semble très intéressante pour bien comprendre et bien décortiquer la dernière saison de cette série « Khelil chez Sonatrach 2 ».

    Au fait, la presse algérienne, et notamment la virtuelle (plus facile à manipuler et plus libre parfois), a lancé une rumeur selon laquelle l’actuel Chef d’Etat va modifier la constitution afin de prolonger son mandat jusqu’à 2016, c’est-à-dire sept ans par mandat. Je crois que les Algériens en général et les politiques en particulier ont réagi mal à cette initiative. En conséquence, Chef d’Etat, n’est pas bien placé pour une opération risquée de cette ampleur. 

    Le moins qu’on puisse dire est que le parton du DRS n’était pas du tout content. Je m’explique : ce général est le seul au monde qui  a 23 ans à la tête des services de renseignements, ce qui fait de lui le patron des patrons en Algérie, si ce n’est de toute la région. Mais il considère L'actuel chef d'Etat comme une menace pour sa survie, car il est parmi les rares à avoir survécu aux changements, apportés par le chef d’Etat, au sein du corps de l’armée en 2004.

    On le sait depuis, le troisième mandat était un compromis entre les deux hommes du pouvoir, Toufik et Bouteflika. C’était un contrat implicite, établi après le premier scandale de Sonatrach. Mais lorsque le président songea à prolonger son mandat, le général Toufik voit la chose comme une tentative pour un quatrième mandat.

    Donc, je peux même dire que le « Dieux d'Algérie » (il se réclame ainsi !!) pense que la réélection de Bouteflika est quasi-officielle, voire automatique s'il se représente aux élections de 2014. Car le peuple ne sait plus qui choisir  sinon à qui il faut faire confiance parmi les « vautours » qui se présentent chaque fois aux élections présidentielles.

    Le peuple, disons-le au passage, pour sa part, préfère garder la personne qui lui permettra de « manger le reste du gâteau », par le biais de cette corruption généralisée. Voilà le but final de cette corruption généralisée au sein de la société Algérienne.

    Je peux aller loin en disant que pour les occidentaux, la réélection de Bouteflika va passer dans une indifférence totale. Car, cela va de soi, ils s’en « foutent » complètement de celui qui gère ces terres riches si, et seulement si, leurs propres intérêts ne sont pas menacés. Leur chasse gardée ne doit pas être touchée, voilà leur exigence, plus ou moins pragmatiques ! 

    Cela dit,  le chef d’Etat est une menace sérieuse pour le DRS, donc il fallait bien chercher, là encore, le « péché originel ». Par ailleurs, ce qui me permis d’être assez convaincu de la cohérence des analyses avancées ci-dessus, c'est la passivité du DRS vis-à-vis des informations qui circulent dans la presse algérienne et le dernier exemple en date est la lettre ouverte pour le patron du DRS [2], où Hocine Malti l'interpelle sur le scandale de corruption au sein de la Sonatrach et lui demande de mettre sous projecteur certaines vérités que n’ose pas avouer la justice algérienne. 

    Au final, c’est principalement une question de guerre des clans pour le Pouvoir. Il faut aussi savoir que quel que soit le vainqueur et le vaincu, le peuple algérien sera le premier et le dernier à perdre dans toute cette histoire.  En effet, les deux clans vont, par voie de conséquence, détruire la réputation de Sonatrach, qu’elle a gagné avec tant de peines. Cela va de soi pour toute l’Algérie. Ils mènent le pays à la dérive.

    Cela dit, on constate aisément que la corruption et les dossiers de la Sonatrach vont être les titres des pièces théâtrales, qui vont se jouer sur la scène politico-médiatique en Algérie. Ceci risque de prendre quelque temps, afin de bien aviser les concernés de cette fraude à grande échelle. Mais, les eaux vont rapidement couler sous les ponts ! Ce scandale de corruption, qui mérite  une immortalisation, restera juste dans les esprits des algériens, qui subissent au quotidien les conséquences, dans une Algérie corrompue, grâce à des Hommes qui canalisent tous les pouvoirs, avec leur soif de pouvoir et d'argent et sans dignité ! 

     

     

    Nabil de S'BIHA  

    Le 17/02/2013 

     

     


     

    [1] http://www.sonatrach.com/sonatrach-en-bref.html

    [2] http://300sages.eklablog.com/corruption-chez-sonatrach-hocine-malti-interpelle-le-general-toufik-a76901305

     

    « Corruption chez Sonatrach: Hocine MALTI interpelle le Général ToufikDiscours du Chef Seattle: l'Homme blanc détruira la Terre ! »
    Partager via Gmail Yahoo!

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :